mariemiles
Journal - Vendredi, 31 janvier 2020
Je vais publier mon journal ici. Il n'y a personne, de toutes façons.
Matin calme, ennui. Tout m'irrite. La semaine a été encore une fois perdue à faire des achats pour mon voyage sur l'Orient Express. C'est si difficile, trouver de bon designers de nos jours. Tout est fait à coût réduit, cousu à la machine, même les robes dites de luxe, qui se vendent au prix de fait-main, mais qui n'en ont que l'étiquette et la prétention, pas l'art ni le savoir-faire. Les gens sont pathétiques -- ils ont besoin qu'on leur dicte ce qui est beau, ce qu'ils doivent porter, et suivent aveuglément les modes comme des bêtes de troupeau identiques, se fient aux noms et au prix pour choisir, pour avoir l'air d'avoir un peu de goût. Ça les rassure. Mais le goût n'est l'affaire de personne d'autre que soi-même, hélas. Quand on suit un nom, on emprunte le goût d'un autre!
Je dois faire venir mes mantónes de Tolède (en Espagne, ils savent encore apprécier le travail des petites mains) et aller voir mon tailleur. C'est lassant, aller de l'autre côté du Park, je n'en ai jamais envie. Mais Wo fait toujours un travail impeccable et je n'ai confiance en personne d'autre, ici.
Lizzie a reçu mon panama, à Londres. Elle m'enverra l'autre la semaine prochaine.
Je devrais retourner au studio. J'ai encore une fois trop d'idées, que je laisse s'envoler, par indifférence. Pour qui faire de l'art, tout le monde est si bête. À qui s'adresser?
Je dors mal, comme toujours. Ça me donne un air, je suppose.
Je suis tellement en retard dans mes correspondances que j'ai abandonné l'idée de répondre à qui que ce soit. Je n'ai rien à dire, de toutes façons. Rien qui ne les intéresse, enfin. Quand vais-je cesser de répondre à quiconque et disparaître?
Demain midi, rendez-vous téléphonique avec mon bijoutier en Californie, pour faire monter le diamant. J'espère qu'ils comprendra ce que je veux. Hélas, depuis que les Manerovs ont quitté la Lettonie et se sont installés en Espagne, ils ne prennent plus de commande. Je ne sais que faire sans eux. Grande déception en vue.
